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                                                                            Robespierre et Jaurès

 

Depuis quelque temps, surtout depuis la panthéonisation très consensuelle de Joséphine Baker, artiste engagée dans la France libre et contre la ségrégation raciale, il est devenu fréquent que chacun-e donne son candidat à la reconnaissance de la nation. Même sur France Culture les chroniqueurs de la radio y vont chaque jour de leurs propositions.

Aussi, un peu jaloux, avons-nous décidé dans un élan républicain d'avoir notre candidat. Même si le principe même des "panthéonades" comme les appelle ironiquement Régis Debray est très discutable.

Evidemment l'exercice est difficile. Nombre de femmes - elles ont un retard - combiens d'inconnus d'étrangers "et nos frères pourtant" mériteraient cette consécration. Pourtant un candidat s'est imposé à notre esprit. Et cela en songeant aux origines. C'est la Révolution française qui a décidé d'honorer les grandes figures dans cette ancienne église précédemment dédiée à Sainte Geneviève. Et là la lumière fut.

Maximilien Robespierre. Le mandataire du peuple révolutionnaire fondateur de la République et d'une République sociale. Avec les limites des temps d'alors mais aussi avec une audace visionnaire. Non dépourvu de contradictions, ce qui prouve qu'il était vivant. 

Pour ceux qui aiment les hommes de marbre, raté. Celui-là était un petit-bourgeois qui ne fit pas toujours les bons choix - même tactiquement se couper de son aile gauche et de son aile droite en même temps ne fut pas sa manœuvre la plus habile -  et qui finit par tomber sous les coups d'autre révolutionnaires. Plus bourgeois que lui. Il abolit l'esclavage et le suffrage censitaire et élabora la Constitution la plus démocratique que la France ait connue. Il réussit avec ses amis du Comité de Salut Public à sauver la Révolution de ses ennemis de l'intérieur et de l'extérieur. Ce jeune homme était la gauche de l'Assemblé révolutionnaire. Il exprimait la fraction la plus démocrate de la Révolution. En 1792 il ne furent pas nombreux et il fut le plus lucide dans sa dénonciation de la guerre. Jaurès dit de lui "Son idéal exclut à la fois le communisme et la richesse, mais celle-ci est tolérée en fait comme une fâcheuse nécessité [...] Il y a, dans la pensée de Robespierre, un singulier mélange d’optimisme et de pessimisme : optimisme en ce qui touche la valeur morale du peuple, pessimisme en ce qui touche l’organisation égalitaire de la propriété" Oui contradictions disions-nous. Mais la stature domine son temps et éclaire encore les combats populaires. Le  poète a toujours raison: "Ma France...elle répond toujours au nom de Robespierre".

Les puristes, les jusqu'auboutistes (en paroles) n'y trouvent pas leur compte comme les corrompus face à l' Incorruptible. Tant pis pour eux. Les contradictions encore, Jaurès encore " il voulait tendre tous les ressorts de l’action révolutionnaire, mais sans briser la légalité." Compliqué.

Finalement Jaurès, et nous, avec Robespierre " ici, sous le soleil de juin 93 qui échauffe votre âpre bataille, je suis avec Robespierre, et c’est à côté de lui que je vais m’asseoir aux Jacobins. Oui, je suis avec lui parce qu’il a à ce moment toute l’ampleur de la Révolution." 

Quant à la dimension politique et idéologique contemporaine imaginons la signification éminemment progressiste et révolutionnaire qu'aurait la décision du président Mélenchon s'il prenait une telle décision: Robespierre au Panthéon.

Pour cela, juste une étape à franchir: voter et faire voter pour le candidat de l'Union Populaire.

 

Antoine Manessis.

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