Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

                                                       José Carlos Mariategui (1894-1930)

 

 

Pedro Castillo sera investi président du Pérou ce soir.  Cette grande victoire de la gauche latino-américaine ne fait pas la une de nos médias. Pourtant cette victoire vient de loin. 1
C'est le péruvien José Carlos Mariategui (1894-1930) qui a été le premier penseur marxiste latino-américain, avec une réflexion sur la question indigène sur le sous-continent et de l'importance des masses paysannes indigènes dans le processus révolutionnaire. On constate au Pérou mais aussi dans nombre de pays latino-américains combien sa vision était pertinente. Il fonda le premier parti communiste qui s'affilia à l'Internationale communiste en 1928. Il écrivait " La solution du problème de l’indien doit être une solution sociale. Ses réalisateurs doivent être les indiens eux-mêmes".

Pedro Castillo fut le candidat du parti Pérou Libre qui se définit comme " marxiste-léniniste-mariatéguiste" représentant une "gauche de la campagne". Pedro Castillo a obtenu ses meilleurs résultats dans des régions fortement indigènes, marquées par des cultures et des formes d’organisation sociale traditionnelles dans lesquelles Mariategui voyait la base d'un "communisme inca".

Le nouveau président du Pérou devra relever des défis immenses pour pouvoir appliquer son programme: réforme agraire, droits sociaux, éducation et santé. Il a contre lui une bourgeoisie qui rejette l'idée qu'un indien (il a des racines métisses proche des indigènes) et un pauvre puisse diriger le pays. Le racisme à son égard et à celui de son électorat est ouvert et violent. En plus il ne parle pas anglais...mais quechua (la langue des indiens) s'indignent les classes dirigeantes du pays. Or la candidate de droite, malgré ses casseroles innombrables et un père ex-président et en prison, a réuni la moitié de l'électorat. Dans les grandes villes et dans les classes supérieures, il y a une haine maladive de tout projet émanant de la gauche.

Le pays est donc divisé, fracturé politiquement mais aussi géographiquement les villes étant de droite (Lima - où vit 40% de la population du Pérou - ou Callao ont voté à 66% pour Fujimori) et les régions andines favorables massivement (autour de 80%) à Castillo.

Sans oublier le grand voisin étasunien armé de sa longue matraque.

Le plus dur commence demain pour la gauche, Castillo et le peuple du Pérou.

 

Antoine Manessis.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :