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                                       Ataï chef le l'insurrection anti- coloniale de 1878

 

Un camarade, militant indépendantiste et vieil ami Néo-Calédonien, Näpô Mîî, dont nous avons déjà publié le point de vue, a bien voulu répondre à quelques question de NBH pour nous brosser un tableau de la situation en Nouvelle-Calédonie en voie de devenir la Kanakie indépendante et socialiste.

NBH

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Pouvez-vous nous faire le point sur la situation politique en Nouvelle-Calédonie?

A cinq mois de la dernière consultation sur l’indépendance de Kanaky-Nouvelle-Calédonie, le paysage politique a changé du tout au tout. Le 8 juillet dernier, la Nouvelle-Calédonie s’est dotée pour la première fois depuis les accords de Matignon-Oudinot et de Nouméa, d’un Président du Gouvernement indépendantiste en la personne de Louis Mapou, militant de longue date du Parti de Libération Kanak. Vingt jours plus tard, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a élu au perchoir, Rock Wamytan, dirigeant indépendantiste de l’Union Calédonienne. Ainsi les deux premières institutions du pays sont désormais dirigées par les deux principales composantes du Front de Libération Nationale Kanak Socialiste. Une situation inédite qui place le FLNKS en position de force à quelques encablures du référendum du 12 décembre 2020 qui posera pour la troisième fois la question suivante: voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante? 
 
Le FLNKS a fait tomber le Gouvernement en février mais, divisé, il a mis cinq mois à trouver un accord sur le Président. Comment l'expliquez-vous?
 
Effectivement, le Parti de Libération Kanak (PALIKA), parti fondé au milieu des années 70 sur des bases marxistes-léninistes, a proposé la candidature de Louis Mapou. de son côté l’Union Calédonienne (UC), parti né dans les années 50 à l’initiative des deux églises catholique et protestante pour contenir l’influence grandissante du Parti Communiste de Jeanne Tunica y Casas, a soutenu la candidature de Samuel Hnepeune, président du MEDEF local. Il va sans dire que proposer comme candidat le président du MEDEF a fait grincer des dents du côté du PALIKA qui s’est positionné par communiqué « pour une rupture avec les politiques publiques partisanes  dictées par le patronat et les multinationales au détriment de l’intérêt général ». Les deux autres composantes du Front, l’Union Progressiste en Mélanésie (UPM, le Rassemblement démocratique Océanien (RDO) et hors du Front notamment le Parti travailliste, bras politique de l’Union des Syndicats des Travailleurs Kanak et exploités (USTKE) qui tous ont apporté leur soutien à Louis Mapou. Isolée au sein du Front, l’UC a soutenu mordicus son candidat . Puis s’est rangé finalement derrière Louis Mapou début juillet ce qui a permis son élection à la présidence du gouvernement collégial.
D’un point de vue de classe, c'est une victoire de la tendance de gauche du front.
 
Vous avez dit « gouvernement collégial », qu’est-ce que cela signifie?
 
C’est une particularité du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie voulue par l’Accord de Nouméa en ce sens que le gouvernement est composé à la proportionnelle de la représentation politique de chaque formation au Congrès. Ainsi, grâce au ralliement de l’Eveil Océanien (EO), les indépendantistes ont eu 6 élus au gouvernement contre 5 à la droite coloniale, quatre à l’Avenir en Confiance (AEC) et 1 à Calédonie Ensemble (CE). Parti charnière représentant la communauté wallisienne et futunienne très présente dans notre pays, l’Eveil Océanien après avoir mis ses œufs dans les deux paniers, indépendantistes et « loyalistes », semble avoir basculé un peu plus vers notre camp. Il est vrai que ce jeune parti a été malmené par l’Avenir en Confiance qui, à l’assemblée de la  province Sud, lui a fait payer chèrement son soutien à l’élection de Rock Wamytan au Congrès en 2020, en lui retirant toutes ses délégations et traînant dans la boue son dirigeant Milakulo Tukumuli. 
 
De quelle marge de manœuvre dispose le FLNKS pour agir dans ces conditions?
 
Majoritaires au gouvernement et majoritaires au Congrès, nous disposons des deux leviers l’exécutif et le législatif pour mettre en oeuvre les réformes qui s’imposent même si, nous le savons bien, elles ne pourront pas produire leurs effets avant le référendum du 12 décembre. La situation que nous laisse des décennies de gestion de la droite coloniale sont catastrophiques: un pays extrêmement endetté vis à vis de la France, un budget 2021 que l’AEC a été incapable de faire voter avant la fin de l’exercice 2020, des comptes publics et sociaux dans le rouge au point que les services de santé sont au bord de l’explosion. Il y a donc du pain sur la planche. Une réforme fiscale de fond s’imposent qui permette de dégager des ressources pour abonder les comptes publics. A ce jour il n’y a pas en Nouvelle-Calédonie d’impôt sur les grandes fortunes, ni sur les plus-value notamment immobilières, les prélèvements obligatoires (impôts + cotisations sociales) représentent 33% du PIB contre 45% en France, les cotisations sociales sont plafonnées pour les hauts salaires. Parmi les pistes de réformes fiscales, il y a bien sûr une révision de l’IRPP avec de progressivité de l’impôt, la suppression des niches fiscales , l’instauration d’un taxe verte etc… l’enjeu est de taxer plus  le capital notamment la distribution de dividendes. Il va sans dire que cette politique va se heurter à une forte résistance de la grande bourgeoisie de Nouméa et du MEDEF-NC qui ont été les privilégiés du système colonial depuis toujours. 
L’assainissement des comptes publics et sociaux passe par la mise en oeuvre d’une politique nouvelle, notamment fiscale, plus équitable et plus sociale, c’est l’enjeu de notre 17e gouvernement.
Parallèlement nous allons devoir mener campagne pour le OUI à l’indépendance dans un délai très court après que l’Etat ait arrêté unilatéralement la date du 12 décembre alors que le Front préconisait de la tenir en 2022 après les présidentielles et les législatives française. Seulement 9 000 voix nous séparent de la victoire. L’indépendance est à portée de main.
 
Merci et hasta la victoria camarade !
 
 
NBH
 
 
 
 
 
 

 

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