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            Kyal Sin, 19 ans, abattue par l'armée. Sur son T-Shirt l'inscription "Tout ira bien"

 

Dans une déclaration adoptée à l'unanimité de ses 15 membres, y compris par la Chine et la Russie, le Conseil de sécurité a appelé, mercredi, la junte birmane à "faire preuve de la plus grande retenue" face aux manifestants. Dénonçant les agissements violents des forces de sécurité "contre des manifestants pacifiques, incluant des femmes, des jeunes et des enfants", le Conseil demande aux parties de "chercher une solution pacifique" à la crise provoquée par le coup d'État du 1er février. Il réclame en outre "la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement".

La Chine estime qu'"il est maintenant temps de procéder à la désescalade" en Birmanie et "qu'il est temps de dialoguer", a affirmé mercredi l'ambassadeur chinois à l'ONU, Zhang Jun. "L'heure est à la diplomatie", a-t-il aussi souligné  "Il est important que les membres du Conseil parlent d'une seule voix. Nous espérons que le message du Conseil sera de nature à améliorer la situation en Birmanie", a insisté le diplomate chinois.

Il semble que la Chine pour qui l'essentiel est son influence sur le pays et les relations économiques entre les deux pays, veuille prendre ses distances par rapport à la junte militaire dont la brutalité barbare éclate aux yeux du monde et à laquelle elle ne veut pas être associée.

Le texte ne comporte ni les mots "coup d’État", jamais reconnu comme tel ni à Pékin ni à Moscou, ni de mention prévoyant de possibles "mesures" supplémentaires, qui ouvrirait la porte à des sanctions internationales. Ces deux références étaient, pour la Chine et la Russie, des lignes rouges à ne pas franchir. L’Inde et le Vietnam, deux membres non permanents du Conseil, avaient les mêmes. Reste que l'Asie a imposé sa vision de la situation en Birmanie contre celle des Occidentaux aux relents colonialistes. Ce vote unanime du Conseil de sécurité confirme la légitimité démocratique d'Aung San Suu Kyi visiblement et héroïquement soutenue par son peuple.

Les principaux syndicats ont appelé à "l'arrêt complet de l'économie" pour tenter de paralyser la Birmanie et d'augmenter la pression sur les militaires. Médecins, enseignants, employés des compagnies d'électricité, cheminots, de nombreux fonctionnaires ont cessé le travail après le putsch qui a renversé le gouvernement, démocratiquement désigné par les Birman-es, d'Aung San Suu Kyi qui était sortie renforcée par les élections. L'ancienne dirigeante, renversée par le coup d'État militaire du 1e février, est toujours au secret.  Amnesty International a dénoncé jeudi des "exécutions extrajudiciaires" et le recours à des armes de guerre. "la force létale est utilisée de manière planifiée, préméditée et coordonnée" par l'armée birmane.  Soulignons la forte présence des femmes dans ce combat pour la souveraineté du peuple birman. Kyal Sin, une manifestante de 19 ans, est devenue le symbole de la violence croissante dont fait désormais preuve l’armée birmane pour tenter de contenir les mouvements anti junte. Mercredi dernier, lors d’une manifestation à Mandalay, cette jeune femme fut mortellement touchée à la tête par la soldatesque birmane.

Le bilan de la répression s'alourdit. Le pays a connu, samedi, sa journée de répression la plus sanglante depuis le coup d’État du 1er février, avec près de 90 morts. Un peu partout dans le pays, les militaires ont fait feu sur les manifestants.

 

Antoine Manessis.

 

 

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