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" Tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] », il avait omis de préciser que la première fois est toujours une tragédie, et la seconde fois, une farce." Karl Marx

 

Il y a un siècle débutait le Congrès de la SFIO à Tours. Celui-ci décidera, quelques jours plus tard, de façon largement majoritaire, son adhésion à l'Internationale communiste.

C'était donc un 25 décembre. Cette date est à elle seule le symbole des changements que notre société a connu. Quel parti organiserait-il, de nos jours, un Congrès le jour de Noël ? Aucun.

Autre temps, autre réponse politique.

"Analyse concrète de la situation concrète" disait Lénine pour définir la "substantifique moelle" du marxisme. Une terrible guerre mondiale avait dévasté le pays, massacré la paysannerie française, la révolution avait eu lieu en Russie, elle couvait en Allemagne, en Italie, en Hongrie...En France même les luttes sociales et le sentiment anti-guerre se déployaient. 

D'abord minoritaire le pacifisme révolutionnaire devenait majoritaire au sein du parti socialiste. L'exemple russe qui déclarait "la paix au monde" et donnait le pouvoir aux Soviets était la lueur de cette sombre fin du meurtrier conflit mondial.

Sur cette base se réunirent des socialistes, des syndicalistes- révolutionnaires, des anarchistes, des pacifistes pour adhérer au Kominterm. Et transformer la SFIO* en SFIC*. 

Bien entendu avec bien des malentendus politiques. Frossard, le premier leader de la SFIC,  et bien d'autres quitteront le nouveau parti né à Tours. Celui-ci connaitra des mutations profondes, comme la bolchevisation, et mettra ses pas dans ceux du "centre" de la révolution mondiale, le PC russe qui lui-même va connaître, après la mort de Lénine, bien des tempêtes. Des mutations et des changements de cap, parfois à 180 degrés.

Par exemple le drapeau tricolore, honni par le jeune parti communiste, vit ses plis mêlés au drapeau rouge à partir du virage en faveur du Front Populaire. Le centre dirigeant fut stabilisé non sans contradictions : au nom de la démocratie interne, "Que les bouches s'ouvrent", une direction de jeunes ouvriers instaurent une infaillibilité de fait à la tête du parti. Le "modèle stalinien" se combine au "cadre thorézien" pour constituer une organisation qui saura faire face à bien des défis, à des répressions dont on a pas idée de nos jours, à la clandestinité, à la prison et même à la mort. Et qui pèsera profondément dans la vie nationale, qui permettra aux classes populaires de diriger leur organisation et de mener des combats victorieux. Un parti dont l'influence, au travers de sa galaxie, rayonnera et influencera le cours des choses. 

Une organisation qui en revanche ne saura pas répondre à d'autres interpellations, celles du temps qui passe, celle du monde qui change. Malgré des tentatives "d'aggiornamento" le parti communiste né à Tours finira par être marginalisé et à décliner. Si Gorbatchev a dit une seule chose juste ce fut celle-ci : "Celui qui est en retard sur l’histoire est puni par la vie".

L'incapacité à traduire en forme, langage, idées, symboles, en stratégie politique, la nouvelle donne socio-politique le parti née à Noel 1920 n'est plus la réponse aux contradictions de son temps et il est incapable de définir et proposer une alternative politique de progrès ni même une dynamique sociale, politique et idéologique.

Faut-il ajouter que, malgré le foi bien sympathique d'une poignée de néo croyants, ce n'est pas en regardant le rétroviseur, ce n'est pas en mimant la tragédie de 1920 en comédie absurde en 2020, que nous répondrons à l'urgence politique.

L'héritage historique ne vit que si l'on sait s'en servir pour donner une réponse nouvelle. 1920 ne revivra pas. Ce qu'il faut en retenir c'est l'union de militants venus divers origines de la gauche et du mouvement ouvrier sur la base du refus de la guerre impérialiste et de la force propulsive de l'Octobre soviétique.

Reste à définir ce qui peut unir aujourd'hui et quelle est la force propulsive de notre temps. 

 

Antoine Manessis.

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