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Alors que le gouvernement polonais de la droite ultra et cléricale du PiS de Jaroslaw Kaczynski a obtenu l'accord de le Tribunal constitutionnel d'interdire de fait l'avortement, un vaste mouvement de protestation contre cette mesure obscurantiste et misogyne se développe dans le pays. En effet même "en raison d’une malformation du fœtus, grave et irréversible" l'avortement est interdit. C'est dire si l'offensive réactionnaire est poussée aux extrémités.
Le chef du PiS Kaczynski a dénoncé "une attaque visant à détruire la Pologne" et le "nihilisme" des manifestantes. Il a appelé à "défendre les églises" contre les manifestantes "d'extrême-gauche". Le premier ministre a, quant à lui, stigmatisé les "barbares" qui défendent le droit à l'IVG.
Le gouvernement polonais ajoute donc cette agression contre les femmes à une gestion catastrophique de la pandémie qui résulte des choix néolibéraux de la Pologne post-communiste de détruire les services publics y compris celui de la santé. "Plutôt que de s’assurer de la disponibilité des hôpitaux et du service de santé pour tous les patients dans le besoin, il fait ce qu’il sait le mieux faire : monter les Polonais les uns contre les autres”, écrit Gazeta Wyborcza pourtant un journal centriste.
Une grève générale des femmes semble avoir été suivie pour protester contre cette mesure liberticide et antiféministe. Des manifestations massives se déroulent chaque jour dans toute la Pologne.
Mais selon plusieurs sondages récents, si un cinquième seulement des Polonais sont favorables à une libéralisation de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), ils sont encore moins nombreux (12 %) à vouloir durcir la législation, la majorité demeurant attachée au statu quo hérité d’une loi de 1993. Cela révèle culturellement de l'attachement encore prégnant des Polonais pour les valeurs les plus réactionnaires d'une Eglise catholique particulièrement rétrograde.
L'extrême-droite (Camp radical national (ONR) et Jeunesse polonaise), en collaboration avec le PiS et la police, contribuent à aggraver les tensions et n'hésitent pas à attaquer les manifestantes. Rappelons aussi que le PiS qui soutient ouvertement Donald Trump et a fait de la Pologne une plate-forme anti-russe de l'OTAN.
Reste que le PiS a gagné les élections et que le rapport de forces n'est pas favorable aux forces progressistes. D'autant que l'opposition à la droite extrême au pouvoir est un centre mou tout aussi néolibéral que le PiS. Et qui plus est européiste....ce qui explique l'espace politique qu'occupe la droite ultra-réactionnaire.
Enfin l'anticommunisme hystérique du pouvoir polonais, qui pourchasse les quelques poignées de militant-es communistes héroïques, trouve un écho certain dans les forces de l'opposition néolibérale et européiste. L'UE elle-même n'a pas eu un seul mot de protestation quand les communistes polonais étaient traînés devant les tribunaux et menacés d'interdiction.
En tous les cas saluons le courage des Polonaises qui se dressent contre l'intégrisme et l'obscurantisme au pouvoir à Varsovie.
Antoine Manessis.