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Certes ne plus voir, ne plus entendre, ne plus lire (les tweets de) Donald Trump sera une satisfaction pour des millions de gens aux Etats-Unis et partout dans le monde. Et pas un progressiste ne versera de larmes sur ce shérif mussolinien.
Cela étant il faudra s'interroger pour savoir pourquoi plus d'ouvriers, de noirs, plus le latinos, plus de femmes ont voté Trump en 2020 qu'en 2016.
Il faudra s'interroger sur la liquidation de l'aile gauche du Parti démocrate (qui soutenait Bernie Sanders) par les caciques du PD.
Il faudra s'interroger sur les raisons du choix de Jo Biden et de sa vice-présidente, c'est-à-dire de la ligne politique d'Hillary Clinton qui avait pourtant échoué face à Trump. Biden qui semble, qui plus est, très diminué, arrivant à confondre sa petite-fille (à ses côtés) avec son fils décédé...
Nous écrivions le 1 er octobre :
Il n'y a certes pas de différence notables entre Biden et Trump sur bien des sujets politiques essentiels. Cependant la forme que prend le régime capitaliste et donc l'espace qui est laissé à la gauche pour combattre ne peut être négligé au risque de sombrer dans le bordiguisme*. Entre la "politique du moindre mal" qui fait finalement mal (Obama prépare Trump, comme Hindenbourg prépare Hitler, comme Daladier prépare Pétain) et un sectarisme borné et finalement dangereux, il y a une voie étroite. Au peuple étasunien de la définir et de la prendre.
Ce genre de situation inextricable vient aussi du fait que la gauche ne parvient pas à proposer une alternative suffisamment puissante pour balayer ces impasses. Il faut dire que le système politique étasunien est parfaitement verrouillé par les institutions, le fédéralisme et l'argent.
En tous les cas la victoire de Biden si elle se confirme ne doit en aucun cas générer la moindre illusion sur la nature du pouvoir aux Etats-Unis : celui-ci est impérialiste et le restera. Mais on ne peut ni ne doit ignorer les formes par lesquelles cet impérialisme s'exprime. Encore faut-il ne pas se laisser duper par des extérieurs civilisés quand le fond reste l'hégémonisme absolu et violent de l'Empire. N'oublions pas que Biden fut le vice-président de Barak Obama. Et que c'est sous leur présidence et co-présidence que furent donnés bien de mauvais coups contre le Venezuela avec des sanctions criminelles, le Honduras qui a subi un coup d'Etat comme le Paraguay et que Dilma Roussef la présidente du Brésil a été démise par un coup d'Etat juridico-parlementaire. La Chine est considérée comme l'ennemi stratégique des Etats-Unis par Jo Biden et sa vice-présidente Kamala Harris est très proche du complexe militaro-numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft+ CIA, FBI etc).
On peut être sûr qu'une vaste campagne médiatique va suivre la victoire (annoncée par les médias étasuniens cet après-midi) de Biden/Harris pour faire prendre les vessies pour des lanternes et le nouvel Exécutif étasunien pour des gentils. On se souvient que le Parti socialiste en France avait fait des affiches en faveur d'Obama, "le tueur aux drones", qui n'a même pas été capable de fermer le centre de torture de Guantanamo. Cette campagne a d'ailleurs déjà commencé. Ne pas se laisser prendre et démystifier la nouvelle équipe commence aujourd'hui.
Trump ? bon débarras ! Et maintenant au combat contre les nouveaux visages de l'impérialisme américain !
Antoine Manessis.
* Amedeo Bordiga fut l'un des fondateurs du PCI. Il est exclu de celui-ci, en désaccord avec la ligne anti-fasciste de Front populaire, considérant que "l'antifascisme est une arme de la bourgeoisie contre le prolétariat".