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                               La CES est le cheval de Troie du capital dans le mouvement syndical

 

La Biélorussie agit comme un révélateur du degré de dégénérescence des organisations syndicales et politiques progressistes.

Ainsi ce qui fut la Confédération Générale du Travail (CGT) s'avilie au point de signer un communiqué qu'on croit dicté par BHL ou quelque éditorialiste du Point ou de Valeurs actuelles. Même Le Figaro ferait preuve de plus de sens des nuances.

Sans surprises Solidaires lui emboîte le pas et se fend d'un communiqué tout aussi consternant et écœurant. Nos radicaux en peau de lapin se couchent devant BFM.

L'ex- mouvement communiste international nous montre un visage éclaté, atomisé, sans aucune cohérence de quel qu’ordre que ce soit : si la position du PCE (Espagne) est à peu prêt digne, le PCF donne la nausée en soutenant les porteurs du drapeau rouge et blanc des nationalistes et nazis biélorusses, le KKE parvient à flinguer tous le monde sans ouvrir la moindre perspective dans le monde réel...L'encéphalogramme du mouvement communiste international est tragiquement plat.

Quant à la gauche dite radicale c'est du pareil au même.

Et JL Mélechon qui voit des révolutions citoyennes partout ! Hong-Kong, révolution citoyenne, Bolivie, Mali, justement la révolution citoyenne, Liban, Biélorussie...révolution citoyenne, vous dis-je ! Pareil au faux médecin du Malade imaginaire*, il plaque son schéma à des situations radicalement différentes : est-ce une trace de son passé trotskiste, quand le programme de transition du vieux Léon avait réponse à toute situation historique?

Ce qui est grave c'est ce qu'impliquent de telles réactions, ce qu'elles signifient, ce dont elles sont le révélateur: l'état de décomposition, de dégénérescence du mouvement syndical et politique de gauche. Déserter l'internationalisme, ne pas s'interroger sur la situation concrète du monde du travail en Biélorussie, sur ce que sont ses syndicats, ses partis de gauche, sur les interventions impérialistes dans ce pays, sur la nature politique, sociale et idéologique des mouvements d'opposition. Ne pas mettre ces mouvements dans une perspective historique (que signifie la revendication du drapeau rouge et blanc?). Reprendre sans recul critique tous les poncifs des médias du capital et de l'Etat macronien sur ce qu'est la Biélorussie aujourd'hui. Ne pas s'interroger sur les intervention des voisins polonais, de l'OTAN ou de l'UE. 

Bref le positionnement de la  CGT, de Solidaires ou du PCF démontrent que ces organisations en sont là où en était la IIe Internationale social-démocrate à la veille de la guerre de 1914-1918. Elles sombrent dans un modérantisme collaborationniste et co-gestionnaire, elles sont institutionnalisées et intégrées. Les syndicats deviennent de "partenaires sociaux". La chose s'est encore aggravée avec la CES (confédération européenne des syndicats) qui est le cheval de Troie du capital dans le mouvement syndical. 

Mais il se trouve que le néolibéralisme, l'effondrement des pays socialistes, la contre-offensive du capital, exigent une radicalité dont ces organisations sont incapables de porter. Comme le SPD brisera la révolution spartakiste, le courant dit réformiste pourrait s'en prendre à un mouvement populaire radical. On voit, tant au PCF, qu'à la CGT ou à Solidaires et même à la droite de la FI, le mal qu'ont eu ces organisations à soutenir les Gilets jaunes (si toutefois elles sont vraiment parvenues à la faire). On peut en tous les cas légitimement s'interroger sur ce que serait leur attitude. On voit qu'aujourd'hui la CGT s'exprimer sur la Biélorussie et non sur la Bolivie. Ce sont bien les médias bourgeois qui imposent l'ordre du jour. Et gare à ceux qui oseraient remettre en cause le story telling otanoeuropéen. Ils sont de toute façon inaudibles.

Réinscrire l’action syndicale et politique dans une perspective historique de classe, visant à affronter le capitalisme (cela n'exclu pas les compromis mais doit éviter les compromissions) et proposer une alternative idéologique, sociale et politique permettant la construction d'un nouveau bloc historique, base d'un processus révolutionnaire devrait être au centre de la réflexion des militants ouvriers et des progressistes.

Nous pouvons constater à quel point nous en sommes éloignés. Mais parfois l'histoire réserve des surprises. 

 

Antoine Manessis.

 

*Scène 10 acte III

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