Débattre : un exemple.

                        La liberté de parole. Tableau de Norman Rockwell.(1943)

Chers lecteurs,

La vocation de NBH est double :

1- proposer des analyses le plus souvent brèves et lisibles (on essaye...) pour contribuer au débat nécessaire entre marxistes, progressistes, syndicalistes au sein de ce que nos concitoyens appellent la gauche. Terme historique qui est porteur de signification, qui parle à notre peuple (et à tous les peuples d'ailleurs), quelques soient les limites connues du concept par rapport à l'analyse marxiste.Ces analyses n'ont d'autre prétention que d'alimenter la réflexion commune.

2- le deuxième objectif est de stimuler ce débat. Cela n'exclut pas la polémique mais la polémique des idées. Ce avec quoi nous voulons rompre ce sont les excommunications, les étiquetages mensongers, les qualifications pseudo-politiques qui ne visent qu'a déconsidérer l'interlocuteur, la présentation volontairement déformée des positions des uns ou des autres. Le débat implique le respect mutuel et la fraternité non seulement parce que cela est conforme à l'humanisme qui devrait nous animer mais parce qu' en politique le but, si l'on est de bonne foi, est d'unir, de rassembler et l'insulte, même camouflée, n'y aide guère.

Voilà pourquoi NBH publie, avec l'autorisation des participants, cet échange (qui n'est pas clos et qui est ouvert) entre mon camarade et ami Olivier Rubens et moi-même.

Parce qu'il est à la fois conforme à notre conception de l’honnêteté intellectuelle, de la critique fraternelle, du débat entre camarades et (c'est "un rêve modeste et fou") utile à notre réflexion commune.

Antoine Manessis.

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Je lis NBH à intervalles irrégulières (toujours un problème technique pour recevoir l'info des nouveaux 

articles) et mon absence de réaction a des causes: 

- d'une part parce que je m'intéresse moins aux questions directement politiques (ou réputées telles du style 

de savoir qui sera dans l'estrade du prochain cirque présidentiel),

- d'autre part parce que je suis un peu dérouté par la "ligne" implicite qui se dégage du blogue. L'article élogieux 

sur Berlinguer m'a en particulier fort surpris. Je ne pense pas qu'on pouvait sortir des impasses eurocommunistes

par un débat approfondi. Ça ne me parait pas utile de parler par exemple du procès Slansky sans proposer des analyses 

des phénomènes de pouvoir et de l'appareil d'Etat qui soient compatible avec le marxisme. Globalement, le blogue donne de 

bons articles de propagande et en même temps l'impression que toute tentative de révolution conduit 

ses auteurs à s'étriper entre eux. il en résulte un effet contradictoire dont il semble difficile de sortir. 

Bien fraternellement à toi, 

Olivier

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Merci pour ta réponse qui me met en joie.

Surtout pour tes critiques que je trouve argumentées et solides.

Je vais tenter d'y répondre mais ce qui m'importe c'est qu'il n'y a rien dans ce que tu dis qui soit personnel et agressif. Non seulement cela, mais en plus je partage au moins en partie tes critiques. Je vais essayer de m'expliquer.

- Sur "les questions directement politiques" je crois qu'il y a un vrai désaccord. Je pense que" le cirque présidentiel" peut créer des conditions favorables à notre combat. Ou le contraire. Très schématiquement si JLM gagnait les présidentielles la perspective d'un changement démocratique c'est-à-dire d'une intervention du mouvement populaire (façon Front Populaire 1936 avec les spécificités de notre époque évidemment) deviendrait une possibilité. En langage moins policé je dirais que ça foutrait un tel bordel, susciterait une telle réaction de l'ennemi de classe, aurait un tel écho en Europe, que de tout ce chambardement pourrait sortir quelque chose d'intéressant.

- Que tu sois dérouté par la"ligne" du blog correspond au fait que le blog n'a pas de ligne. Je suis incapable d'en définir une. Ma seule ambition c'est que nous (communistes) prenions l'habitude d'assumer les contradictions du réel et que collectivement nous puissions élaborer une vraie ligne politique. Dérouter donc est sans doute une traduction possible de mon projet.

- Sur Berlinguer je conclu mon article de la façon suivante: "Berlinguer et l'eurocommunisme restent donc dans l'histoire comme une tentative de répondre aux questions stratégiques du communisme en crise. Et à l'échec de la réponse proposée." Est-ce si "élogieux"? Mais il est vrai que je crois que nous devons appréhender cette tentative en évitant les jugements péremptoires du genre "renégats" et autres noms d'oiseaux. Servons nous de cet échec pour avancer, pas pour stigmatiser. D'où sans doute ce que tu as pris pour un ton élogieux.

- Sur Slansky ma démarche en racontant très brièvement la vie de Clémentis  - et non du procès de Prague -  est simplement de rappeler des faits et notre capacité à sombrer dans des conneries assez abominables. Tu as vu que l'article sur Clémentis s'inscrit dans une rubrique de "petits portraits", significatifs mais qui ne sont pas des analyses. Mais je te rejoins sur ce point : le procès de Prague mérite une analyse marxiste autrement plus approfondie. J'y songerai.

- Enfin, et c'est à mon avis ta critique la plus pertinente et la plus forte, ce que tu dis sur "l'effet contradictoire dont il semble difficile de sortir" de mes réflexions.

Je te répondrais par cette citation de Francis Scott Fitzgerald "La marque d'une intelligence de premier plan est qu'elle est capable de se fixer sur deux idées contradictoires sans pour autant perdre la possibilité de fonctionner. On devrait par exemple pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir, et cependant être décidé à les changer".

Evidemment je laisse tomber l'intelligence de premier plan... mais je crois qu'il faut retenir le reste.

En tous les cas merci pour ton message.

Amitié mon camarade.

Antoine